Critique In - BALDWIN AND BUCKLEY AT CAMBRIDGE : Noir c’est noir

La compagnie new-yorkaise Elevator Repair Service qui s’est faire connaître notamment pour sa reprise mot à mot du roman Gatsby le Magnifique, s’est penché cette fois–ci sur un débat universitaire qui a eu lieu en 1965 entre l’écrivain noir James Baldwin et l’intellectuel conservateur blanc William F. Buckley. L’objet de ce débat, pour ou contre la motion suivante : «Le rêve américain n’existe-t-il qu’aux dépens du Noir américain ?». Immergé dans le dispositif historique, le spectateur assiste à la reproduction de cette confrontation qui a des airs très contemporains : la démocratie américaine fait-elle une juste place à ses minorités ? La communauté noire est-elle une éternelle victime de son histoire esclavagiste ? Que faire pour que chacun soit respecté dans ses droits et  puisse accéder au rêve méritocratique américain ? Evidemment, James Baldwin a beau jeu de montrer la persistance des discriminations et des injustices ciblant sa communauté. Evidemment William Buckley a beau jeu de pointer l’évolution très favorable de la situation et la place désormais reconnue de la communauté noire dans l’ensemble américain. Les arguments énoncés en 1965 restent étonnamment d’actualité même si depuis, il y a eu Martin Luther King, Barack Obama ou les mouvements Black Power et Black Lives Matter. Le dispositif de l’époque est un peu figé puisqu’il n’y pas vraiment de débat mais simplement deux longues argumentations, mais c’est précisément cette temporalité qui permet de rentrer dans le système de pensée de chacun et d’éviter les raccourcis oratoires et faciles. Un débat instructif et tristement actuel.

Enric Dausset

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