Critique Off - Lune Jaune : de bruit et de fureur

C’est un univers un peu poisseux. Une nuit très noire qu’éclaire tout juste une lune jaune. Ils sont deux grands ados mal dégrossis. Elle, Leila, jeune fille sage née de deux émigrants, se rêve un grand destin, loin de tout ce qui l’entrave. Lui, Lee joue les durs, a commis l’irréparable, il est en quête inlassable de son père… Ils se rêvent en Bonnie and Clyde. Lune jaune, sous-titré La ballade de Leila et Lee n’est pas une aimable virée, encore moins une promenade de santé. C’est un parcours mené à fond de cale, ni rose ni joyeux. Ici du noir, là du noir encore. Une course initiatique et fiévreuse qui dit la quête des origines et la naissance du désir, l’envie d’en découdre et de devenir enfin adultes, sans trop savoir comment. Qui plonge le spectateur dans un aimable brouillard et interroge sa perception. Où s’arrête la réalité ? Où commence l’imagination, la fiction ? Ce texte de bruit et de fureur est empoigné avec une énergie rageuse par les acteurs Marion Bajot, Thibault Pasquier, Cédric Marchal, orchestrés par Olivier Barrère (mise en scène) et Aurélie Pitrat (mise en jeu). Livré dans son intégralité, le texte de David Greig (traduit par Dominique Hollier) aurait gagné à être resserré, retricoté pour offrir une matière plus sèche, et totalement dramaturgique. A l’image de ses héros, le spectacle a les défauts de ses qualités : c’est un adolescent en construction fou et fougueux … qui ne demande qu’à se poser un peu, pour mieux mûrir.  

Nedjma Van Egmond

Lune jaune de David Greig (traduit par Dominique Hollier). Mis en scène par Olivier Barrère. Avec Marion Bajot, Thibault Pasquier, Cédric Marchal.
L’Entrepôt, 1 Ter Bd Champfleury, 84000 Avignon, jusqu’au 26 juillet, 16h15, 



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