Critique Off - HEDWIG : bête de scène

Il habitait seul avec maman, dans un très vieil appartement… de Berlin Est. Papa avait déserté depuis longtemps. C’était l’époque où un mur fracturait encore la ville en deux, et lui s’appelait encore Hansel. Depuis, (presque intégralement) privé de ses attributs virils après une rencontre qui tournera mal avec un soldat américain, Hansel est devenu Hedwig, une bête de scène. Blonde peroxydée et férue de perruques toutes plus décoiffantes les unes que les autres, bustier, mini-short en jean et boots brillantes à faire se damner de jalousie Beyonce, elle nous livre par le menu le récit de sa drôle d’existence. Ses amours ratées, ses tourments existentiels, sa quête identitaire, ses doutes et ses colères. Envoie valdinguer la bienséance, les tabous, envoie du gros son, met le feu à la scène et aux gradins, éparpille façon puzzle spectateurs et musiciens tour à tour. Hedwig offre une partition à la fois désopilante, émouvante et trash. Au diable les convenances et vive l’extravagance ! Ce musical rock queer de John Cameron Mitchell et Stephen Trask, succès fou Off Broadway, et lesté de quatre Tony Awards, arrive en France adapté et mis en scène avec intelligence (adaptation de Brice Hillairet lui-même et Dominique Guillo). Superstar de ce cabaret décadent, Brice Hillairet, si souvent touchant chez Pierre Notte, est éblouissant en star transgenre. Il va, court, vole, brûle littéralement les planches. Et gagne un nouveau ticket pour les prochains Molière ?!

Nedjma Van Egmond

Hedwig and the Angry inch, avec Brice Hillairet, Anthéa Chauvière, Louis Buisset, Antonin Holub, Raphael Sanchez, Lucie Wendremaire. Livret John Cameron Mitchell. Lyrics et musique Stephen Trasks. Mise en scène Dominique Guillo.
Théâtre du Rouge-Gorge, place de la Mirande, Avignon, 21h, jusqu’au 29 juillet
et au Café de la danse, Paris 11e, à partir du 18 septembre.




Dernières actus
-----------
-----------
-----------
-----------
Education
-----------
Cyrano TV
-----------