Critique Off - Haut fait de GUERRE

"C’est énorme la vie quand même. On se perd partout". C’est dans la guerre que Ferdinand Destouches s’est perdu. Cette guerre qu’il a "attrapé dans [sa] tête". Il erre, hagard au milieu des cadavres qui encombrent le sol, sous un ciel de feu et de ténèbres. Le soldat a tout juste 20 ans. Benjamin Voisin, Césarisé pour sa performance dans Illusions perdues de Xavier Giannoli revient au théâtre, cinq ans après avoir joué Dom Juan dans le Off d’Avignon. Une fois de plus, il est éblouissant. Il campe tour à tour le brigadier Destouches, môme ordinaire trop vite arraché à l’enfance et plongé dans un conflit qu’il n’a pas choisi, mais aussi son compagnon de tranchée Cascade, Angèle, fille de joie dont il est amoureux, ou encore l’infirmière lubrique qui prend soin de lui. Il explose d’émotion, d’effroi, bouleverse, amuse, secoue parfois quand il fait claquer les mots du poète, sa langue crue et tranchante. Il dit l’absurdité et l’atrocité de la guerre et nous captive de bout en bout, dirigé de main de maître par Benoît Lavigne, qui signe aussi l’adaptation de ce texte de Céline, longtemps resté inédit et publié récemment à titre posthume. Avec Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit il complète une trilogie incandescente et sombre, plongée dans les entrailles de la guerre.

Nedjma Van Egmond

Guerre de Louis-Ferdinand Céline, adaptation Bérangère Gallot et Benoît Lavigne. Mise en scène Benoît Lavigne. Avec Benjamin Voisin.
Théâtre du Chêne Noir, 8 bis rue Sainte Catherine 84000 Avignon
Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris, du 12 septembre au 21 octobre. 


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